L'éloge du bâti...
J'en vois déjà certaines qui plissent du nez...
Le quoi ? Le bâti ?
C'est quoi cette bête là ? Un gros mot ?
La définition du Larousse est la suivante :
"Série de longs points pour maintenir deux tissus bord à bord (bâti simple) ou un tissu à plat sur un autre (bâti oblique), ou des coutures de doublure à des coutures principales (bâti de maintien), ou un pli (bâti glissé)."
Alors, si on faisait un petit sondage ?... Qui bâtit avant de coudre (en gros qui ne coud pas directement avec les épingles) ? Inutile de baisser le nez au fond de la classe !!! J'ai les noms !
Aujourd'hui, la plupart des couturières amateurs ne bâtissent jamais leurs pièces avant de coudre. Que ce soit sur des tissus basiques ou des tissus techniques. C'est un constat et non une critique.
Et l'explication la plus courante est : "ça va plus vite".
Mais quand on pousse un peu plus loin la conversation, il y a des petites choses qui ressortent, l'air de rien : "Le découd-vite est mon ami !" "Ah ça oui, je découds très souvent"...
Et puis il y a ces questions : "Ah mais comment tu fais pour avoir des finitions comme ça ?"
Un secret ? Je BÂTIS !!!!!! J'use et j'abuse du fil à bâti ! J'en ai de plusieurs couleurs !
Il y a toujours une aiguillée de fil à bâtir de prête ! Bref, le fil à bâti est mon ami.
Arghhhhh... Mais tu bâtis tout ?
Que certaines se rassurent, je ne suis pas encore totalement fêlée ! Non je ne bâtis pas tout.
Cela dépend du niveau de technicité, du tissu...
Mais il est vrai que je bâtis beaucoup ! Et du coup... je ne découds quasiment jamais (CQFD...)
Tout ce qui risque de me faire pousser des hurlements ou lancer des noms d'oiseaux (potentiellement très exotiques les oiseaux...), je bâtis. J'aime prendre mon temps pour que chaque étape se fasse le plus sereinement possible. La couture est une passion mais aussi un moyen de me détendre et de me faire plaisir. Le stress n'est pas le bienvenu dans cette histoire ! Alors tout ce qui peut générer un poil de stress... Exit ! Du balai ! Dehors !
Et puis bâtir, c'est aussi se poser, se rendre compte qu'on n'avait pas épinglé la bonne manche, tester, voir si cela va tomber correctement ou s'il faut adapter un peu.
Et au final, je ne suis pas certaine d'y passer plus de temps ;D
Récemment, j'ai eu la chance de coudre avec une amie et de discuter autour de ce concept. Je crois l'avoir convertie... reste à voir en pratique :).
Mais je peux vous dire qu'aujourd'hui je me suis mise sur des poches passepoilées avec un velours de laine très épais, noir pour rajouter une pointe de difficulté au cas où... Et bien sans bâtir, j'aurais été incapable de coudre proprement ! Le tissu ne se marque pas au fer à repasser et avec les épaisseurs... bonjour la galère ! Au final, je suis très fière de ma première poche qui est impeccable !!! Affaire à suivre...
Alors ? Convaincues ?
Et pour illustrer, un exemple de pièce où le bâti s'est révélé d'une aide précieuse ! Une blouse devenue sweat doudou de compet...
Au départ, Idylle est un patron de blouse.
Ne connaissant pas encore cette marque de patrons (l'Atelier Scämmit), Marguerite a fait une toile en jersey. Heureusement car avec une matière extensible, il fallait prévoir une taille de moins.
J'avais flashé sur le design de cette petite blouse avec déjà dans l'idée d'utiliser un molleton minkee acheté récemment chez MT (a priori plus sur le site... il a été victime de son succès ;D).
Le patron en lui-même est d'un niveau débutant (patron très bien expliqué et tout tombe nickel ! De plus des PDF très bien faits avec une option d'impression en A3, le top !) si on utilise une cotonnade. Mais dès qu'on passe à un tissu plus technique, les choses se corsent !
Un molleton, c'est plus ou moins facile à coudre en fonction de l'élasticité du-dit molleton. Mais un molleton minkee... c'est beaucoup plus technique car élastique et épais (mais doudou !!! On ne peut pas tout avoir !!).
Et quand on a une parementure, des pinces de poitrine et des petits plis aux épaules... Le bâti devient très très vite votre ami !
C'est la surjeteuse de Marguerite qui a failli bouffer tout cru ce molleton mais Marguerite et son bâti-de-la-mort-qui-tue ont eu le dernier mot !!!! Ok tout l'immeuble a du entendre Marguerite traiter sa surjeteuse de sal... mais bon, pas de zozios dans le lot...
Seule modif : Suppression de la patte de boutonnage dans le dos et adaptation en conséquence de la parementure dos du col.
Et je confirme mon impression première : un pur doudou avec une pointe de kibrille et au final un sweat qui peut être porté au boulot car pas trop sportswear (cool !).
Je vous rassure, les pinces de poitrines sont bien au bon endroit mais mon mannequin est un mannequin de déco et non un mannequin de présentation (il a la poitrine quasi sous les amygdales...). Pour info, elles ont été descendues de 2 cm pour être adaptées à la morphologie de Marguerite (du sur-mesure de compet ;D).
Bonne semaine à toutes et n'oubliez pas... On bâtit !
